dimanche 5 octobre 2008

Les femmes au panthéon canadien

Parmi les femmes qui figurent au panthéon canadien, il y a certainement une place pour Louise Arbour qui a siégé à la Cour Suprême du Canada avant d’être élue Haut Commissaire aux Droits de l’Homme aux Nations Unies. La Presse a publié hier une entrevue (http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/national/200810/04/01-26321-louise-arbour-le-canada-a-delaisse-son-role.php) qui apporte un éclairage cru sur la politique de Stephen Harper et sur son agenda idéologique condamnable. Je laisse la parole à Mme Arbour: ‘L'engagement du Canada a beaucoup changé et cela surprend. Sur la question des droits des Autochtones, le Canada s'était engagé dans ce dossier de bonne foi pendant 20 ans. Puis, du jour au lendemain, il s'est braqué. Non seulement il n'a pas signé cette déclaration, mais il a fait une campagne négative pour empêcher d'autres pays de la signer. En ce qui concerne Omar Khadr, l'attitude du Canada est incompatible avec les valeurs démocratiques et le soutien auquel devrait s'attendre un citoyen canadien. On a aujourd'hui l'impression que les Canadiens sont ou bien absents ou bien pas très constructifs, sur à peu près tous les dossiers de droits de la personne. Au Conseil des droits de l'homme, le Canada est souvent le seul à s'opposer, ce sont des votes de 46 contre 1.’

Elle constate que le refus d’agir selon les valeurs canadiennes réduit notre influence dans le monde et notre capacité de convaincre la communauté internationale de nous soutenir sur des sujets qui nous tiennent à cœur, et tout cela pour soutenir le Président Bush dont on connaît les échecs successifs sur la scène internationale, Louise Arbour dit : ‘Historiquement, ce n'est pas la position canadienne. Nous étions toujours perçus comme des médiateurs. Maintenant, on a l'impression que le Canada joue tout seul ou ne joue pas du tout. Quand il y a eu des discussions au sujet d'un rapporteur spécial sur les lois discriminatoires contre les femmes, je n'ai pas entendu un seul représentant suggérer que le Canada s'embarque là-dedans. Tout à coup, le Canada est devenu non pertinent, pas engagé. Et même s'il avait des initiatives, il n'est pas sûr qu'il réussirait parce qu'il n'a plus d'alliés. En votant systématiquement contre toutes les résolutions du Conseil, où les États-Unis n'ont pas de siège, le Canada est de plus en plus perçu comme un porte-parole de Washington.’

Certains pourraient penser qu’elle s’imagine des choses mais il faut se rappeler que lors de son départ le ministre Vic Toews avait déclaré qu’elle était une honte pour le Canada, et l’Ambassadeur du Canada auprès du Haut-Commissariat des Droits de l’Homme, sans doute sur instructions d’Ottawa ne lui a même pas dit merci pour son travail.

On comprend pourquoi Stephen Harper voulait aller envahir l’Irak (aujourd’hui il avoue que cela aurait été une erreur). Et depuis que Stephen Harper est au pouvoir, il a réussi à détourner la mission du Canada en Afghanistan vers des actions militaires plutôt que de formation des troupes afghanes et de reconstruction comme le prévoyait la résolution des Nations Unies, plutôt que de faire la paix, il a choisi de faire la guerre en se rangeant aux côtés des troupes américaines qui sont engagés dans une guerre bien différente dans le cadre de l’OTAN. Une guerre perdue d’avance s’il faut en croire l’Ambassadeur britannique à Kaboul qui a déclaré que les troupes étrangères (dont le Canada) étaient devenues le problème et non la solution. Il décrit le régime que nous soutenons comme synonyme de corruption. Il suggère que la solution serait, non pas la justice ou la démocratie, mais bien de mettre en place un dictateur. C’est pour cela que nos soldats sont envoyés à la mort?
(http://www.timesonline.co.uk/tol/news/world/asia/article4860080.ece)
Je note que les conservateurs ne parlent plus beaucoup de notre engagement pour les femmes alors que les Afghanes sans la bourca ne peuvent plus circuler sauf dans Kaboul et ce à leurs risques et périls. Décidément nous avons abandonné nos engagements depuis longtemps. Il est temps de quitter l’Afghanistan la tête haute avant de le faire dans la honte. Il faut travailler à la paix et favoriser le dialogue au niveau régional et des Nations Unies.


Et pendant ce temps là nous n’avons plus de casques bleus pour des missions de paix. A devenir la marionnette des autres, nous perdons tout y compris notre honneur. Le ministre Toews s’était trompé, c’était son chef qui est une honte pour le Canada. Il est temps de lui montrer la porte de sortie.

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